C’est un long article sur les maisons et les cuspides. En voici la première moitié (la seconde la semaine prochaine). Elle traite des maisons et cuspides. Dane Rudhyar y présente une approche temporelle des maisons. Il résout ainsi certains problèmes posés par l’approche spatiale habituelle. La seconde partie de l’article poursuivra la réflexion sur les cuspides et la complètera avec les signes interceptés.
Une fois encore, Rudhyar nourrit notre réflexion. En tout cas pour nous qui abordons l’astrologie avec un esprit ouvert et qui avons le souci de faire progresser notre pratique.
Comme d’habitude, le texte en pdf est accessible ci-dessous. Dans cet article, j’ai adapté la présentation de l’article (longueur des phrases, intertitres) pour le rendre plus aisément lisible.
Maisons, cuspides et signes interceptés (1/2)
Les maisons : des périodes de deux heures
par Dane Rudhyar
Cet article a été publié en octobre 1935 dans American Astrology Magazine.
Dans cet article, je souhaite aborder des questions astrologiques qui, à mon avis, sont généralement mal comprises. Faute d’une approche philosophique appropriée du problème qu’elles posent. Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, l’approche empirique et expérimentale de l’astrologie est un excellent moyen de vérifier et de préciser les concepts et les symboles astrologiques. Néanmoins, on doit les percevoir à l’origine d’une manière qui n’est ni empirique ni expérimentale, mais plutôt philosophique et « logique ».
La logique de l’astrologie
La logique de l’astrologie répond à la même logique que tout système symbolique de concepts (comme, par exemple, l’algèbre moderne). Elle s’enracine dans les mécanismes de pensée inhérents à l’esprit de l’homme. Il existe cependant plusieurs types de logiques possibles. Chacune correspond à des facultés fondamentales de l’esprit humain.
L’astrologie, par essence, se fonde sur un type de logique qui traite de l’appréhension non pas de concepts purement intellectuels, mais d’ensembles vivants.
L’astrologie traite des êtres vivants
Dans le type d’astrologie qui m’intéresse particulièrement, les « êtres vivants » considérés sont les personnalités humaines. L’astrologie devient ainsi un art d’interprétation basé sur la logique du développement et sur la morphologie de la personnalité.
Dans un article précédent, j’ai qualifié ce type d’astrologie d' »astrologie de l’individu ». J’ai dit que le schéma des maisons astrologiques représentait les facteurs individuels de l’être humain. Plus particulièrement, l’Ascendant symbolise la véritable identité individuelle du natif. J’ai également écrit (avril 1935, Une interprétation des trois mouvements fondamentaux de la terre) :
« Le cercle de douze maisons représente sur une feuille plane la rotation de la terre autour de son axe, les changements successifs de position de l’horizon au cours de la journée. Chacune des deux cuspides opposées représente une position de l’horizon toutes les deux heures lorsque la terre tourne autour de l’axe dont les extrémités sont les pôles nord et sud.
Dans le thème de naissance, la ligne formée par les cuspides de la première et de la septième maison est en fait l’horizon au moment et au lieu de la naissance. La ligne formée par les cuspides des deuxième et huitième maisons donne la position de l’horizon deux heures plus tard. La ligne formée par les cuspides des troisième et neuvième maisons, la position de l’horizon quatre heures plus tard, etc. En d’autres termes, le cercle de maisons est comme le cadran d’une montre. Il s’agit d’une projection dans l’espace d’un mouvement qui se produit réellement dans le temps. »
Les maisons : une logique temporelle
Cette interprétation des maisons en termes de valeurs temporelles est, à mon avis, très essentielle. Sans elle, le symbolisme des maisons et des cuspides perd sa véritable signification. Et certaines déclarations astrologiques de la plus haute importance deviennent illogiques et philosophiquement non fondées. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la manière dont on numérote les maisons et dont on dit qu’elles « commencent ».
Ce que je veux dire sera clair, au-delà de toute possibilité de malentendu – je l’espère – par l’analyse suivante de la « première maison », de l' »Ascendant ». Et de ce qui se produit astrologiquement lorsque le Soleil se lève, c’est-à-dire lorsqu’il entre en conjonction avec l’Ascendant. Je me référerai, pour plus de clarté, au schéma ci-joint. Dans ce schéma, la ligne AXG représente en projection la ligne d’horizon à la naissance s’étendant de l’Est (A) à l’Ouest (G). La lettre (X) représente la position du nouveau-né, ou disons plus généralement, de « l’observateur ».
L’Ascendant est le point (A) céleste. C’est la cuspide de la première maison. La maison est censée s’étendre sur un angle complet de trente degrés dans l’espace. Mais pas sur la longitude zodiacale (sauf à l’équateur) en raison de la distorsion zodiacale due à l’inclinaison de l’axe de rotation de la terre sur le plan de sa révolution autour du Soleil (où le zodiaque trouve son origine).
La première maison s’étend donc au-dessous de l’horizon et comprend tous les corps célestes contenus, par projection, dans ces trente degrés d’espace. La deuxième maison s’étend sur trente degrés au-dessous de la première. Sa cuspide est le point (B). De l’autre côté de l’horizon, la douzième maison s’étend sur trente degrés d’espace au-dessus de l’horizon. Mais sa cuspide est le point (L).
On considère que chaque maison commence par sa cuspide. Le signe zodiacal et le degré situés à cette cuspide déterminent le caractère astrologique de la maison. Le gouverneur planétaire du signe situé à la cuspide devient ainsi le gouverneur de la maison et de toutes les questions relatives à la maison.
Questions liées à l’interprétation spatiale des maisons
Dans l’interprétation habituelle de la réalité d’une maison une maison est un segment de l’espace céleste. C’est ce que laisse entendre l’avant-dernier paragraphe. Si tel est le cas, certaines particularités deviennent immédiatement évidentes pour l’esprit curieux.
1. Pourquoi appeler la première maison, celle qui se trouve juste en dessous de l’horizon ? Pourquoi prendre ce qui est encore invisible et sous la terre comme la « règle », ou la partie la plus importante, de tout le thème ? Ne serait-il pas plus logique de prendre les trente degrés au-dessus de l’horizon comme la « première maison » ? Et de la considérer comme commençant à l’horizon et allant vers le haut, englobant ainsi ce qu’on voit réellement à l’horizon oriental ?
2. Ceci est renforcé par le fait que les planètes de la première maison sont réputées avoir le plus d’influence sur le caractère du natif. Si les planètes physiques réelles ont une influence physique réelle, pourquoi considère-t-on les planètes situées sous l’horizon comme si puissantes ? Alors que leurs rayons doivent traverser la terre ferme ? Alors que les planètes situées juste au-dessus de l’horizon, en pleine visibilité, sont vues comme faibles et « en prison » ?
Les planètes de la première maison (sous l’horizon) sont dotées d’un vaste pouvoir énergétique, réel. Les planètes de la douzième maison (au-dessus de l’horizon), d’un pouvoir potentiel, réprimé. Est-ce logique ?
De toute évidence, il faudrait considérer que la planète qui n’est pas encore levée est une « potentialité », est à naître. Tandis qu’on verrait celle qui vient de se lever comme la plus active, avec l’exubérance de la jeunesse.
Le cas du soleil levant
Mais ce n’est pas tout. Prenez le Soleil levant. L’Ascendant est, disons, à 10° du Bélier. Le Soleil se situe dans le thème à 12° du Bélier. On dit qu’il est le maître de la première maison. Et qu’il a beaucoup plus de pouvoir sur la première maison que, disons, s’il était à 28° du Bélier.
En d’autres termes, on dit qu’il gouverne la maison juste au moment où il est sur le point de quitter cette maison. Pourtant, selon un précepte astrologique, l’astrologie met toujours l’accent sur le « point de départ » de tout cycle – naissance, lever du Soleil, lever de la Lune, etc…
Maintenant, notez que le lever du Soleil est considéré comme le début de la journée. Pourtant, une minute après le lever du Soleil, nous le trouvons dans la douzième maison, dans le domaine de la répression, de la prison, des obstacles, du karma, de la fin, etc. On considère que toute sa puissance est déployée avant son lever, avant qu’il se manifeste. Et non pas immédiatement après, lorsque ses rayons brillent et donnent lumière et chaleur.
Pourtant, à midi, lorsque le Soleil est le plus actif, on dit qu’il culmine. En fait, qu’il domine, qu’il est « le plus élevé ». Une planète est plus puissante lorsque ses rayons sont les plus élevés et les plus directs ? Alors la logique semble indiquer qu’elle est plus puissante après son lever (dans la douzième maison) que lorsqu’elle est encore sous l’horizon (première maison).
En d’autres termes, supposons qu’une maison doit être considérée comme un segment de l’espace céleste et que sa signification est due à la logique de son emplacement. Alors l’astrologie a une façon très particulière d’interpréter les choses telles qu’elles sont en réalité.
Il faut alors recourir à un concept plutôt artificiel et purement intellectuel : l’Ascendant est le début de l’espace de trente degrés sous l’horizon (première maison). Simplement parce que le nombre de degrés du signe zodiacal augmente de l’horizon vers le bas.
Par exemple, si l’Ascendant est à 10° du Bélier, le sommet de la deuxième maison peut être à 18° du Taureau, ce qui montre une progression vers le bas, le Taureau venant après le Bélier.
L’interprétation temporelle des maisons
On dit donc que les maisons progressent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Tandis que les planètes se déplacent dans le sens des aiguilles d’une montre. Là où le bât blesse, c’est lorsque les planètes sont considérées par rapport aux maisons. Et surtout par rapport aux cuspides, comme dans l’illustration ci-dessus du lever du Soleil.
Cependant, si nous considérons les maisons non pas comme une division spatiale, mais comme représentant un facteur temporel, la difficulté disparaît. Le contenu d’une maison est la somme totale des phénomènes célestes atteignant l’horizon pendant une période de deux heures.
Le point de vue de l’observateur
Ce que cela signifie réellement s’expliquer comme suit : imaginez un « observateur » allongé sur le ventre sur une surface terrestre absolument plate (la ligne XA de la figure précédente). De sorte qu’il ne puisse voir que l’horizon oriental (c’est-à-dire le point où la terre et le ciel se rejoignent à l’est). Et pratiquement rien au-dessus de cet horizon exact. Il observera exclusivement le lever des étoiles et des planètes, n’étant conscient de rien d’autre au-dessus ou au-dessous de la surface de la terre.
Cet observateur dispose d’une montre et note tout ce qu’il voit se lever pendant les deux premières heures qui suivent le début de son observation.
La somme totale des corps célestes qu’on voit apparaître au point (A) pendant cette période de deux heures constitue le contenu de la première maison. A condition, bien sûr, que par point (A) on entende tout l’horizon oriental en projection, tel qu’il est réellement dans une roue astrologique.
Il s’agit en effet de la première maison, car c’est la première des douze périodes d’observation de deux heures. La deuxième maison est la deuxième période de deux heures, etc. Ainsi, la numération des maisons et leur progression dans le sens inverse des aiguilles d’une montre sont parfaitement justifiées. Par rapport à l’observateur dont la position est identifiée à la surface de la terre.
Rôle de la cuspide
L’astrologie caractérise tous les cycles (ou périodes de temps) par la signification de leur point de départ et de leur première émanation. Il est donc logique de considérer le premier moment d’observation comme la « règle » de toute la période de deux heures.
Par conséquent, l’Ascendant (le premier moment d’observation ou de conscience vitale) est le déterminant de la signification de la première maison (première période de deux heures). De même, le début de la deuxième période de deux heures est considéré comme la cuspide ou le déterminant de la signification de la deuxième maison, etc.
La cuspide correspond à une initiation
Chaque cuspide fait référence au début d’une nouvelle période de conscience. Elle constitue un moment d’une importance primordiale par rapport à tout ce qui se produira pendant la période qu’elle initie. Chaque cuspide est un moment d’initiation, un moment de naissance.
Ce dont l’observateur prend conscience à ce moment-là détermine la signification de la période de deux heures qui suit. Il prend conscience d’une certaine section, ou degré, du zodiaque. Et toute la période (maison) est caractérisée, « gouvernée » par ce degré, décanat, signe du zodiaque. Et, par implication, par la planète dont la fonction est en corrélation avec la nature du signe.
Les planètes proches de la cuspide
Si le Soleil se lève juste après que l' »observateur » commence son observation, il est évident que la puissante impression que le Soleil produit dominera la première période d’observation. Si c’est Vénus ou toute autre planète qui se lève, l’impression faite à l’observateur par cette planète s’étendra à cette période d’observation de la « première maison ». C’est-à-dire qu’elle lui donnera une signification supplémentaire.
Ainsi, une planète (ou une étoile) située juste sous l’horizon à la naissance dominerait logiquement la période de la « première maison » de cette vie. Et l’impression qu’elle produit sur le moi individuel naissant serait une influence dominante tout au long de la vie.
Par conséquent, on peut dire qu’une planète placée sur ou immédiatement après une cuspide – dans le sens inverse des aiguilles d’une montre – affecte le contenu de toute la maison.
Si, au contraire, la planète s’est levée, ne serait-ce que quelques minutes avant que l' »observateur » commence son observation, elle n’entre pas dans sa ligne étroite d’observation. Il ne l’observera que quelque vingt-trois ou vingt-quatre heures plus tard. Lorsqu’il sera, disons, fatigué d’observer et déjà rempli des impressions de toute une journée.
Par conséquent, cette planète appartiendra à la fin de la conscience, au dernier moment de la synthèse. Comme tout ce qu’il observe pendant la douzième et dernière période de deux heures. Elle sera un élément « récapitulatif » dans la conscience. Et non un facteur d’initiation, de libération d’énergie. Comme ce serait le cas si elle avait été sur le point de se lever (dans la première maison) à la naissance.
Le Soleil et la Lune (et peut-être de Jupiter et de Vénus) diffusent une grande quantité de lumière. Dans leur cas, l’observateur serait capable de remarquer ces corps célestes s’ils se trouvent juste au-dessus de l’horizon. Ce dont il aurait conscience, au début de ses observations, ce ne serait pas du Soleil ou de la Lune. Mais d’une lumière ayant la qualité que, un jour plus tard, il reconnaîtrait comme étant solaire ou lunaire. Dans de tels cas, l’influence de cette lumière solaire ou lunaire sur sa conscience serait d’un caractère particulier (« psychique » en fait).

Il aurait connu le Soleil d’abord par sa lumière diffuse et non par son image réelle brillante. Il aurait donc tendance à toujours considérer le Soleil en termes de sa lumière diffuse. Plutôt qu’en termes d’une entité positive et focalisée donnant la lumière et la vie. En d’autres termes, cela ferait de lui une personnalité « psychique » – parce que diffuse – plutôt que « spirituelle » – parce que focalisée.
Les remarques qui précèdent s’appliquent bien sûr plus ou moins à la position de toute planète en conjonction étroite – antérieure ou postérieure – à toute cuspide de maison. Car il faut regarder chaque cuspide comme un horizon.
La cuspide de la « troisième maison » est, pour l’observateur, l’horizon au début de la troisième période de deux heures. Si l’observation a commencé à midi, la cuspide de la « deuxième maison » est l’horizon à 14 heures. La cuspide de la « septième maison » – l’horizon à minuit, etc.
La signification particulière des cuspides
J’espère que la discussion précédente aura convaincu le lecteur. Il est nécessaire de réévaluer toutes les valeurs astrologiques se référant aux maisons, et aux positions planétaires en relation avec les maisons, en termes d’interprétation du temps. Selon cette interprétation, on doit considérer la « roue » des maisons plutôt comme un « cadran d’horloge ».
Cependant, les chiffres de quatre heures sur ce cadran astrologique se réfèrent à des périodes de temps deux fois plus grandes que sur un cadran d’horloge ordinaire. Il y a douze chiffres dans chaque cas, mais astrologiquement chaque chiffre (chaque cuspide) marque une période de deux heures.
La roue des maisons : un cadran d’horloge
Cette analogie avec une horloge est d’autant plus précieuse que l’on peut dire qu’il se produit dans le cadran des maisons quelque chose de semblable à ce qui se passe dans les grandes horloges. Chaque fois que les aiguilles de l’horloge viennent marquer l’heure, l’horloge sonne.
L’idée que je souhaite transmettre est la suivante. Lorsque l' »observateur » astrologique est sur le point de commencer une nouvelle période de deux heures, et donc que la pointe d’une nouvelle maison arrive dans son champ de conscience, il se passe quelque chose. Un peu comme la sonnerie d’une horloge ou le tintement d’une cloche.
En d’autres termes, chaque période de deux heures est une unité dans la durée totale de l’observation de la journée. Et au début de chaque période, quelque chose de très spécial est libéré. Ce « quelque chose » fait de chaque cuspide un facteur astrologique d’une importance particulière en soi. C’est plus que le début d’une nouvelle période. C’est ce qu’il convient d’appeler une transition de vie.
Et on peut construire toute une philosophie autour de ce concept fascinant de « transition de vie » – ce que les Hindous appellent sandhya. Une question qui mérite qu’on l’étudie, car elle présente des corrélations et des implications très pratiques et importantes. ·
À chaque transition de la vie, une cloche sonne. Quelle est la signification de cette cloche ?
La façon ordinaire de parler des cuspides est de dire qu’à quelques degrés de la cuspide, de chaque côté, les qualités des deux maisons sont mélangées. De même avec deux signes zodiacaux, si l’on considère les cuspides zodiacales. De sorte qu’une planète proche d’une cuspide participe aux caractéristiques des deux maisons, ou les affecte dans une certaine mesure. Cette explication est correcte dans la mesure où elle va jusqu’au bout, mais elle ne va pas très loin. Elle passe vraiment à côté du point important.
L’analogie de la graine
Nous pourrions clarifier la question en renvoyant le lecteur à la position particulière qu’occupe la graine dans le cycle complet de manifestation d’une plante comme le blé. La graine est l’aboutissement de la croissance de la plante tout au long, disons, de l’été 1935. Mais elle deviendra la source et le début, le point d’émanation d’une nouvelle plante au printemps 1936. Ainsi, en un sens, on peut dire de la graine qu’elle est la « transition de vie » entre deux plantes.
Mais, en tant que telle, elle est évidemment plus qu’un simple passage d’une étape à une autre dans le processus de vie de la plante de blé. Comme le serait, par exemple, le passage de l’état de développement de la feuille à celui de la fleur. La graine contient dans son enveloppe protectrice la totalité de l’espèce de blé en puissance.
Elle n’est pas simplement une phase de développement de la plante particulière dont elle est l’aboutissement. Ou de cette autre plante dont elle est la source. Elle représente potentiellement la nature caractéristique complète de l’espèce blé. Elle représente l’ensemble de la « race du blé ». Par contre, la tige, la feuille, la fleur ne représentent respectivement qu’une des fonctions vitales caractéristiques de l’espèce blé.
Ainsi, la graine est une transition de vie entre deux cycles de végétation. Elle est en même temps le seul élément de la vie végétale dans lequel se concentrent les caractéristiques de l’espèce, potentiellement certes, mais néanmoins les mêmes dans leur totalité. La plante ne sera jamais autre chose, ni différente de ce que contient potentiellement la graine. Il se peut que celle-ci ne donne pas naissance à une plante parfaite, ou qu’elle pourrisse avant la germination. Chaque gland ne produit pas un chêne, et chaque chêne né d’un gland n’est pas un spécimen parfait de la famille des chênes. Mais aucun chêne ne naîtra sans un gland, et aucun gland ne donnera jamais un pommier.
(à suivre)