ère du verseau

L’ère du Verseau sera-t-elle un paradis ou un enfer ?

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L’ère du Verseau est-elle cet âge d’or que nous ont promis et nous promettent toujours les prophètes de la philosophie “new age” ? C’est une question qui m’intrigue depuis longtemps. Mais ce qui se passe en ce moment autour de nous ne fait que me confirmer dans mes craintes. L’ère du Verseau dans laquelle nous entrons (à moins que nous y soyons déjà) ne sera pas de tout repos, loin s’en faut. Elle risque même d’être très mouvementée !

Qu’est-ce que l’ère du Verseau ?

Je vous rappelle d’abord que l’ère du Verseau commence (ou commencera) quand le Soleil, à l’équinoxe de printemps, se lève dans la constellation du Verseau. Et non pas dans le signe : le zodiaque formé de douze signes est une convention, alors que les constellations sont une vision organisée du ciel qui permet de s’y repérer.

Comme les constellations sont de tailles différentes, la durée des “ères” varie. Le moment où commence une ère est donc très approximatif. Nous savons seulement que nous sommes, depuis un siècle environ, en train de passer de l’ère des Poissons à celle du Verseau. 

En termes de symbolisme, cela veut dire que nous quittons une longue période d’environ 2160 ans, l’ère des Poissons. Sous la gouvernance de Neptune, l’être humain a été très concerné par la découverte de son âme (avec les monothéismes) puis de sa psyché (avec la psychologie moderne). Aujourd’hui, nous entrons donc dans une ère nouvelle.

Uranus et Saturne, ses planètes maîtresses

Comment se caractérise-t-elle ? En astrologie moderne, comme vous le savez, le Verseau est associé à Uranus. D’où l’idée de changement, de révolution, de liberté et d’originalité. L’ère du Verseau est considérée comme une sorte d’âge d’or, de progrès scientifique, technologique et social, de remise en question des structures traditionnelles et des dogmes du passé. Bref une ère de libération, de sagesse, de vérité et de purification. A l’image du porteur d’eau qui verse son eau pour faire fructifier la terre.  

Selon Lynn Roulo, visiblement très imprégnée de philosophie new age

“l’ère du Verseau marque une soif de changement et un profond bouleversement dans la conscience de l’humanité, qui passe du « moi » au « nous ». Il y aura de nouveaux paradigmes sur la façon dont les gens peuvent vivre ensemble dans la paix et l’égalité. C’est une ère d’idées et d’inspiration, où nous renouons avec les rythmes de la nature et permettons à la conscience créatrice de s’exprimer.”

Vous reconnaissez bien sûr le symbolisme associé à l’énergie d’Uranus, avec son côté créatif, innovant, anticonformiste et rebelle. Uranus aime surprendre, se démarquer et remettre en question l’ordre établi. Uranus est ainsi associée à cette nouvelle humanité de l’ère du Verseau. Une humanité optimiste, qui vogue vers des horizons paradisiaques.

Mais c’est oublier que, dans l’astrologie traditionnelle, le Verseau est gouverné par Saturne. La planète du temps, de la structure, de la discipline et de la responsabilité. Saturne représente le côté rationnel, pragmatique et réaliste, qui sait se fixer des limites et respecter les règles, qui restreint, qui confine, qui contraint. Avec Saturne, l’ère du Verseau prend un visage beaucoup moins idyllique !

Le Verseau, une énergie complexe

Et le Verseau apparaît donc comme une énergie beaucoup plus complexe et paradoxale. Elle combine deux influences planétaires opposées mais complémentaires. Il peut être à la fois sérieux et fantasque, conservateur et progressiste, obéissant et indépendant. 

On pourrait dire que l’ère du Verseau est une période de transition entre l’ancien et le nouveau, entre la tradition et la modernité, entre la stabilité et le changement. Saturne et Uranus sont les deux planètes qui symbolisent ces forces opposées, mais aussi complémentaires. Saturne, c’est la structure, l’ordre, la discipline, la responsabilité, le temps, le passé. Uranus, c’est l’originalité, le progrès, la liberté, la révolution, le futur. L’ère du Verseau pourrait bien être une lutte entre ces deux énergies. Elle pourrait certes représenter une chance de se réinventer, de se libérer et de se renouveler. Mais elle pourrait être aussi, et surtout, un immense défi pour l’humanité. Qui la rend beaucoup moins sympathique et enthousiasmante que vous pourriez le penser au premier abord.

Pourquoi un défi ? Vous pourriez penser que le Verseau, en promouvant la liberté, la diversité et la tolérance, est à l’opposé du sectarisme et du fanatisme, qui sont des formes d’intolérance, d’exclusion et de violence. Cependant, quand nous voyons ce qui se passe autour de nous, force est de constater que l’ère du Verseau contient aussi des risques permanents de dérives sectaires ou fanatiques. 

Les dérives à craindre

Certains auteurs ont ainsi critiqué le new age (au sein duquel est née cette idée d’ère du Verseau) pour son absence de définition réelle, son syncrétisme religieux, ses dérives possibles vers des groupes manipulateurs ou dangereux, sa menace pour le lien social. D’autres auteurs ont souligné que le new age pouvait être une source de fanatisme. Parce qu’il crée une vision manichéenne du monde, en opposant les élus et les damnés. En justifiant la violence au nom d’un idéal spirituel. Ou en se référant à des prophéties apocalyptiques. 

Il semble donc que l’ère du Verseau ne soit pas exempte de contradictions et de dangers. Il faut rester vigilant face aux discours et aux pratiques qui s’en réclament. Vous devez aussi vous rappeler que l’ère du Verseau n’est pas une réalité objective. Mais une interprétation astrologique du temps, qui peut varier. Il y a plusieurs visions possibles de ce que pourrait être cette période astrologique.

Prenons deux exemples pour illustrer comment peut s’interpréter symboliquement l’ère du Verseau.

D’abord, ce qui tourne autour de l’écologie et du dérèglement climatique.

L’ère du Verseau, ère de l’écologie

L’ère du Verseau serait donc, selon la philosophie new age, une période de progrès, de changement et de transformation du monde, marquée par une vision holistique et écologique de la nature. Le new age s’inspire de diverses traditions religieuses et ésotériques pour valoriser la connexion avec la nature, le respect de la vie et la responsabilité envers la planète.

Cependant, vous le savez, cette vision du new age et de l’ère du Verseau n’est pas partagée par tous les écologistes. Certains y voient une forme d’illusion, de naïveté ou de manipulation, qui occulte les véritables enjeux environnementaux et sociaux du monde actuel. Ils reprochent à cette vision de proposer une fausse solution spirituelle à des problèmes matériels et politiques. De nier la réalité des rapports de force et des conflits d’intérêts. De se réfugier dans un optimisme béat ou fataliste face à l’avenir. 

On peut donc dire que les discours écologistes sont le reflet d’une divergence de fond entre deux conceptions de l’écologie. L’une privilégie une approche spirituelle et individuelle, l’autre privilégie une approche politique et collective. Autrement dit, encore une fois, Uranus d’un côté, Saturne de l’autre.

Ces deux conceptions ne sont pas forcément incompatibles. Mais elles peuvent entrer en tension ou en opposition selon les contextes et les acteurs. Il n’existe pas de consensus sur ce que sera l’ère du Verseau ni sur ce qu’elle implique pour l’écologie. Il s’agit plutôt d’un débat ouvert et mouvant, qui reflète la diversité et la complexité des enjeux environnementaux du monde contemporain.

Mais il faut bien reconnaître que certaines déclarations d’acteurs célèbres de la mouvance écologique expriment une vision de l’écologie assez sectaire. Elles montrent à quel point ils tentent d’imposer leurs vues. Et elles créent ainsi une atmosphère de contrainte, de menace et de sectarisme.

“Nous sommes en guerre contre le réchauffement climatique et contre ceux qui le nient ou le minimisent. Ce sont des criminels qui mettent en danger l’avenir de l’humanité et de la planète. Nous n’avons pas de temps à perdre avec eux. Nous devons agir vite et fort pour sauver ce qui peut encore l’être.”

Greta Thunberg, militante écologiste suédoise, lors de son discours à la COP 25 en 2019

“L’écologie est la seule voie possible pour sauver la planète. Tous ceux qui s’y opposent sont des criminels et des traîtres.”

José Bové

Ainsi, se développe un discours et une ambiance faits d’anathèmes et d’interdits. Il donne l’impression que Saturne prend sa revanche sur Uranus ! En fait, ce à quoi nous assistons, c’est à la naissance d’une religion nouvelle. Avec ses croyances et ses règles contraignantes. Selon James Lovelock,

“le changement climatique représente désormais une menace si grave pour l’humanité que la seule façon de la contrer est de suspendre la démocratie.”

Deuxième exemple : celui des courants de pensée actuels qu’on rassemble en général sous le terme de wokisme.

L’ère du Verseau, ère d’une pensée nouvelle

Le wokisme a été fondé à l’origine aux Etats-Unis sur la dénonciation des injustices et des discriminations. Notamment en matière de race, de genre, de sexualité ou de culture. Il est peu à peu devenu, selon ses adversaires, par son caractère globalisant, totalisant et mobilisateur, une forme de totalitarisme. Ils lui reprochent de vouloir imposer une idéologie unique et dogmatique, d’utiliser la censure pour faire taire les voix dissidentes, d’imposer des normes de langage, etc.

Alors on modifie la façon de parler. On interdit certaines façons de penser. On tente de modifier l’histoire, c’est-à-dire la mémoire de l’humanité. Ou bien on réécrit certains livres. C’est 1984, de George Orwell. Et cela n’a rien de rassurant !

« C’est soi-disant de l’antiracisme, mais en fait c’est un dogme.”

Rachel Khan

Une lutte permanente

Dans ces deux exemples, comment ne pas voir Saturne à l’œuvre, avec son principe de limitation, de structure, de responsabilité, de maturité, de sagesse, mais aussi de frustration, de restriction, de solitude ou de peur ? Car on peut dire qu’il existe un lien, des analogies, des correspondances entre le symbolisme de Saturne et le fait de vouloir imposer ses croyances, ses opinions de façon autoritaire. En effet, Saturne représente l’autorité, la loi, la norme, l’ordre, la discipline, la rigueur, la tradition. Il exprime donc une tendance à la rigidité, à l’intransigeance, au dogmatisme, à la domination ou à la répression. 

Certes, ce lien n’est ni systématique ni univoque. Saturne peut aussi avoir des aspects positifs et constructifs. Par exemple la capacité à se fixer des objectifs, à se donner les moyens d’y parvenir, à se dépasser soi-même, à se construire une identité solide et authentique. Il peut aussi exprimer le respect des règles, des engagements, des valeurs ou des principes. 

Mais peut-être faudra-t-il attendre l’ère du Capricorne, dans environ deux millénaires, pour voir régner ce Saturne-là ! 

En attendant, il convient de ne pas oublier le symbolisme d’Uranus, avec une tendance à la révolte, à la contestation, à la provocation, à la subversion ou à la violence. Ainsi qu’une volonté de changement radical, de rupture avec le passé, de remise en cause des normes ou des traditions.

L’ère du Verseau pourrait bien nous réserver une bien mauvaise surprise. L’être humain, après avoir exploré pendant deux mille ans qui il est en tant qu’individu, va tenter de comprendre qui il est en tant que collectivité. Loin d’être un long fleuve tranquille de réalisation spirituelle et d’ouverture de la conscience, ce pourrait bien être une longue période de troubles, de restriction des libertés de parole d’abord, de pensée ensuite. Et donc d’un conformisme social et intellectuel qui va finir par être difficile à vivre. 

C’est en tout cas ainsi que nous la voyons, aujourd’hui, commencer à se développer. Et c’est tout le contraire d’une vision paradisiaque et enthousiasmante.