Voici un article de Dane Rudhyar sur l’importance de la nouvelle Lune avant la naissance. Elle jette un éclairage remarquable sur votre nature profonde. En particulier à travers le cycle soli-lunaire, tellement fondamental pour comprendre le cycle de la vie en général.
Les astrologues des siècles passés établissaient des prévisions pour l’année commençant à l’équinoxe de printemps, l’année de la nature. Ils accordaient la plus grande attention à un thème dressé pour la dernière nouvelle Lune survenant avant le début du printemps. Ils utilisaient ce thème comme base de leurs prévisions mondiales bien plus que les thèmes établis pour la minute exacte où le Soleil entrait dans le signe zodiacal du Bélier dans diverses parties du monde. Aujourd’hui, ces « thèmes d’entrée », comme on les appelle, sont beaucoup plus populaires parmi les astrologues. Et on en dresse généralement un pour chacune des capitales des principales nations.
Les astrologues ordinaires étudient, il est vrai, les thèmes des lunaisons pour chaque mois de l’année. Mais l’astrologie d’aujourd’hui est fortement conditionnée par le besoin qu’ont les magazines populaires de mettre l’accent avant tout sur les thèmes « solaires » et les lectures des signes solaires.
La vie : deux énergies polaires, masculine et féminine

Ainsi, nous avons tendance à oublier que tout ce que le Soleil indique ne serait pas efficace de manière pratique et concrète dans la vie de tous les jours s’il n’y avait pas « l’influence » polarisante, modificatrice et complémentaire de la Lune. La vie est toujours le résultat de deux énergies polaires, masculine et féminine – solaire et lunaire. Nous ne pourrons jamais comprendre et expérimenter véritablement la vie si nous mettons l’accent sur une force au détriment de l’autre. Seul un cycle soli-lunaire peut nous révéler les secrets de la nature, car tout ce que nous appelons « naturel » est une expression de l’énergie vitale bipolaire.
Le sexe, au sens ordinaire du terme, n’est qu’un aspect de cette bipolarité de la vie. Il y a beaucoup d’autres aspects. Et on peut dire que toutes ces formes d’interaction entre les deux grandes forces de l’existence sont enracinées dans la relation fondamentale entre le Soleil et la Lune, et peut-être symbolisées par elle.
Lorsque nous parlons, de manière inexacte, des « phases de la Lune », nous voulons en fait parler des phases de la relation en évolution cyclique entre les deux « Luminaires ». Ce n’est pas la Lune en tant que corps qui varie en taille. C’est la lumière que la Lune reflète. Et cette lumière mesure la relation toujours changeante entre les deux polarités de la vie sur notre globe, les forces solaire et lunaire.
Signification du cycle de lunaison
Le cycle de lunaison, qui s’étend d’une nouvelle Lune à l’autre, nous fournit un instrument de mesure. Il permet de vérifier l’état de cette relation soli-lunaire dans son cycle mensuel. Il révèle le « rythme » de tous les processus de vie « naturels », dans notre corps et notre personnalité. Ainsi que dans le monde extérieur des êtres vivants sur terre.
Ce cycle est donc d’une importance capitale, car sans vie, il n’y aurait pas de conscience incarnée ni d’individualité. Le cycle des lunaisons devrait être le fondement même de toute interprétation astrologique de la personnalité. Ainsi que de la santé et du bonheur ou de la facilité de fonctionnement.
Ainsi, le fait qu’une personne soit née à une phase ou à une autre de ce cycle soli-lunaire conditionne, et souvent détermine, son caractère typique. Il définit la nature fondamentale de la personne. Une expression très utilisée dans la philosophie zen, aujourd’hui très populaire parmi les membres de notre « intelligentsia ».
Votre anniversaire lunaire
Vous, en tant que personne particulière, êtes né dans le cadre d’un tel processus cyclique. Tout aussi inévitablement que vous êtes né au cours de l’une des quatre saisons de l’année. Votre « anniversaire solaire » fait référence à ce facteur saisonnier. Mais vous avez également un « anniversaire lunaire » qui vous indique à quelle phase du cycle lunaire vous êtes né.
Cet anniversaire lunaire revient chaque mois, mais il faut souligner qu’il n’a rien à voir avec le « retour lunaire ». C’est-à-dire le moment où la Lune revient chaque mois à la place zodiacale exacte qu’elle occupait. L’anniversaire lunaire est le moment de chaque mois où la relation cyclique entre la Lune et le Soleil se trouve dans la même phase que celle dans laquelle elle se trouvait au moment de votre naissance.
Les phases du cycle de lunaison
Cela signifie qu’une phase croissante doit être nettement différenciée d’une phase décroissante. De sorte que ce n’est pas seulement l’aspect Soleil-Lune qui compte, mais la place de cet aspect dans le cadre de l’ensemble du cycle lunaire. De ce point de vue, les positions du Soleil et de la Lune ne doivent pas être rapportées au cercle zodiacal mais au cycle lunaire.
La plupart des astrologues ne font pas de distinction entre un carré « premier quartier » et un carré « dernier quartier » de la Lune et du Soleil. Pourtant, en termes de processus de vie fondamentaux que le cycle lunaire représente et nous aide à mesurer, une naissance au « dernier quartier » de la relation soli-lunaire diffère considérablement d’une naissance au « premier quartier ».

De même, une naissance dans les 24 heures précédant la nouvelle Lune est certainement différente d’une naissance le jour suivant la nouvelle Lune. Il est vrai que la fin d’un cycle et le début du suivant se rejoignent. Mais les caractéristiques magnétiques et les dynamismes inhérents de ce qui se passe au « dernier moment » et au « premier moment » d’un processus cyclique ne doivent évidemment pas être considérés comme identiques !
La croyance habituelle selon laquelle la distinction n’est pas importante n’a pas de sens. Du moins, elle n’a pas de sens en ce qui concerne les processus de vie et leurs connotations psychologiques. Elle peut être acceptable dans le domaine de la mécanique.
Tout cycle s’organise en phases
Ces remarques s’appliquent à tous les cycles astrologiques. Si Jupiter est au milieu du Bélier et Saturne au milieu du Cancer, ils forment un carré décroissant (« dernier quartier ») dans leur cycle de relation de 20 ans. Mais si Jupiter est au milieu de la Balance et Saturne au milieu du Cancer, alors la relation Jupiter-Saturne est un carré croissant (« premier quartier »). Cette distinction a une grande signification. Et ce, quels que soient les signes du zodiaque dans lesquels se trouvent les planètes.
Ce sont ces significations de phases cycliques que les anciens astrologues arabes ont illustrées avec leurs nombreuses « parts ». Ainsi, la « Part de Fortune » représente le statut de la relation soli-lunaire telle qu’elle affecte une personne individuelle sur terre. Et c’est, pour cette raison, l’un des indices les plus importants de la « nature fondamentale » d’un individu et de la qualité de ses réponses personnelles typiques aux situations de la vie. Ces réponses s’additionnent avec le temps pour former le bonheur ou le malheur, la « bonne » ou la « mauvaise » fortune.
La nouvelle Lune avant la naissance
Dans la plupart des cas, une personne naît après le début d’un cycle lunaire. Car très peu de personnes poussent leur « premier cri » exactement au moment de la nouvelle Lune. Le caractère du cycle lunaire particulier au cours duquel nous naissons est un facteur très important. Il détermine la nature fondamentale du flux de forces vitales qui alimentent l’ensemble de notre organisme (biologique, mais aussi psychologique).
Én astrologie, tout cycle est marqué par les caractéristiques fondamentales de son point de départ. La nouvelle Lune qui a précédé notre naissance devient inévitablement la clé du caractère fondamental de notre vitalité inhérente.
Signes de la nouvelle Lune avant la naissance et du Soleil natal
La première chose à considérer dans l’étude de cette nouvelle Lune avant la naissance est de savoir si elle s’est produite dans le même signe zodiacal que celui dans lequel se trouve le Soleil à la naissance. Si la nouvelle Lune avant la naissance et le Soleil natal sont tous deux dans le même signe, la qualité de ce signe imprègne librement toute la nature de la personne. Mais si le Soleil natal et la nouvelle Lune avant la naissance sont dans deux signes différents, un dualisme fondamental devrait être plus ou moins fortement mis en évidence dans la personnalité.
Tout facteur astrologique survenu avant la naissance tend à représenter quelque chose de profondément enraciné dans le passé. Nous pouvons considérer le « passé » comme le passé ancestral, racial et culturel d’un individu, ses antécédents. Et tout ce qu’il a trouvé face à lui à la naissance.
Ou bien nous pouvons considérer le passé comme le « karma » d’une âme ou d’une entité spirituelle qui se réincarne. Dans tgous les cas, ce qui appartient au passé a toujours tendance à avoir un caractère quelque peu compulsif. Il opère dans l’inconscient. Il surgit, souvent de façon inattendue et surprenante, de nos profondeurs psychiques.
Quand les deux signes sont successifs
Par ailleurs, il faut savoir que deux signes zodiacaux successifs ont des polarités opposées. Le Bélier est un signe « masculin ». Le Taureau, un signe « féminin », etc. Le premier se caractérise par l’élément Feu. Le second, par l’élément Terre. Supposons que la nouvelle Lune avant la naissance est en Bélier et le Soleil natal en Taureau. Nous trouvons une personnalité dont les pulsions vitales ancestrales et inconscientes appartiennent à un cycle marqué par les caractéristiques du Bélier. Pourtant, dans la vie quotidienne, la force du Taureau est la plus active, la plus influente. Dans tous les processus de vie conscients.
La « fougue » inconsciente du Bélier peut se manifester sous la forme d’une compulsion de libération émotionnelle. D’une manière typique du Bélier. Mais elle sera généralement maîtrisée par le but ou la volonté consciente de l’individu, dominée par le Taureau. Cependant, à l’occasion, la force du Bélier peut surgir des profondeurs psychiques de façon soudaine et surprenante. Causant peut-être de gros dégâts, ou du moins des conflits émotionnels profondément enracinés. La nature de la personne peut donc inclure des traits masculins aussi bien que féminins. En tout cas, elle aura tendance à être complexe et parfois imprévisible.
La façon dont les forces psychologiques et biologiques qui surgissent des profondeurs inconscientes ont tendance à agir peut être éclairée en observant dans quelle maison natale se trouve la nouvelle Lune avant la naissance. Il peut s’agir de la maison dans laquelle se trouve le Soleil natal, ou encore de la maison précédente. Si les signes et les maisons de cette nouvelle Lune et du Soleil natal diffèrent, le dualisme psychosomatique est renforcé. La personnalité a tendance à opérer dans deux champs d’influence ou d’activité définis.
La nouvelle Lune de C. G. Jung
Considérons, par exemple, le thème natal du grand psychiatre Carl Jung. Il est né le 26 juillet 1875 avec le Soleil au quatrième degré du Lion et la Lune au milieu du Taureau. Il est né ainsi avec la Lune décroissante et après la phase du dernier quartier du cycle lunaire. Ce cycle avait commencé à la nouvelle Lune du 3 juillet sur le onzième degré du Cancer. Le Soleil natal de Jung est situé dans sa 7e maison natale. Mais le onzième degré du Cancer tombe dans sa 6e maison natale. Ainsi, le Soleil natal et la nouvelle Lune avant la naissance occupent des signes et des maisons différents.
De toute évidence, nous avons affaire ici à une nature complexe, caractérisée en outre par l’accent mis sur les signes fixes, avec le souverain du thème, Saturne, rétrograde en Verseau, intercepté dans la première maison, au carré de Pluton et vaguement opposé à Uranus.
Il s’agit d’un thème très dynamique, et toute la tendance de la pensée de Jung et de sa pratique de la psychothérapie a été dans le sens de l’intégration de fortes oppositions et de conflits fondamentaux. Le fait que la nouvelle Lune avant la naissance tombe dans la 6e maison suggère une concentration d’énergie dans le domaine du travail, de l’autodiscipline, de la santé, de la technique, etc.

La combinaison Cancer-Lion des deux foyers d’énergie vitale est intéressante. Car elle met l’accent sur les signes du solstice d’été, l’un régi par le Soleil, l’autre par la Lune. Et l’alchimie, qui a tant retenu l’attention de Jung, est largement basée sur l’interaction des forces du Soleil et de la Lune. Ils sont le « Roi » et la « Reine » qui figurent dans le symbolisme alchimique.
L’étude détaillée de la nouvelle Lune avant la naissance exige que l’on établisse un thème pour le moment de cette nouvelle Lune. On place le degré de la nouvelle Lune sur l’Ascendant du thème, et les planètes dans des maisons égales de 30°. Un tel thème ne se réfère à aucun événement réel dans la mesure où l’organisme encore embryonnaire est concerné. Mais il nous aide à analyser le potentiel d’énergie vitale libéré au moment de cette nouvelle Lune.
Cette libération de potentiel s’écoule ensuite à travers tout le cycle lunaire. Et l’individu naît dans ce cycle. Sa nature vitalee st conditionnée en profondeur par le caractère de la libération de la nouvelle Lune.
L’exemple de Sri Aurobindo
Prenons le cas du grand leader politique, yogi, philosophe et poète hindou Sri Aurobindo (15 août 1872). Ses disciples le considèrent aujourd’hui comme une manifestation directe de Dieu. Nous trouvons le Soleil en Lion 22° 23′, Jupiter en Lion 13° 36′ et l’Ascendant en Lion 13° 24′. La nouvelle Lune avant la naissance a eu lieu le 4 août à 12° 15′ du Lion. Donc au point d’Ascendant natal et juste après la conjonction réelle avec Jupiter du 3 août, en 11° 07′ du Lion.

La conjonction entre le Soleil, la nouvelle Lune, l’Ascendant et Jupiter est très puissante. Et Jupiter, en Inde, symbolise le grand Guru ou Maître spirituel. En effet, les théosophes ont parlé d’un personnage mystérieux dont la présence est particulièrement concentrée dans les montagnes du sud de l’Inde. Non loin desquelles Sri Aurobindo a eu son ashram pendant 40 ans, et auquel ils ont donné le nom de « Maître Jupiter. » Une corrélation intéressante.
L’exemple de Graham Bell
Lorsque la nouvelle Lune avant la naissance se produit très près d’une des planètes du thème natal, cette planète peut être considérée comme un canal de destinée pour les énergies vitales libérées par la personnalité du natif. Prenons l’exemple d’Alexander Graham Bell dont le nom est associé de manière indélébile à la transmission du son. Il est né en Écosse le 3 mars 1847 avec le Soleil à 12° Poissons et un jour après la pleine Lune (Lune à 24 1/2 Vierge). Le cycle lunaire dans lequel il est né avait commencé avec la nouvelle Lune du 15 février, à 26° 13 Verseau. Et Neptune se trouvait à environ un degré devant ce point, en conjonction avec Mercure. Neptune qui traite tant du son, de la musique, des vibrations dans le signe « électrique », le Verseau. Ainsi, cette impression Neptune-Mercure marque toute la lunaison.
Le cas de Alice Bailey
Voyons le cas d’Alice Bailey (16 juin 1860), la théosophe. Elle a fondé l’Ecole Arcane et écrit de nombreux livres sur l’occultisme sous inspiration occulte. Son Soleil natal était à 25 1/2° Gémeaux avec Vénus natale à 17° 52′ du même signe. Le cycle lunaire dans lequel elle naquit commençait le 7 juin, avec la nouvelle Lune à 17° 31’ Gémeaux. Ainsi, les forces ancestrales (ou forces karmiques de l’âme) se sont concentrées dans la vie d’Alice Bailey en grande partie par l’intermédiaire de Vénus. Ce qui lui a permis de mettre l’accent avec succès sur les valeurs de groupe. De maintenir ensemble pendant de nombreuses années un groupe assez important de chercheurs mettant l’accent sur une formulation intellectuelle des idées universelles.
Passant à un domaine entièrement différent, nous pouvons maintenant considérer le thème de notre vice-président Richard Nixon. Capricorne 19° 23′ est le degré du Soleil natal. Il est né de manière caractéristique avec une Lune croissante en Verseau, près de 31 degrés en avant du Soleil. Sa nouvelle Lune avant la naissance s’est donc produite à Capricorne 16 1/2°. Ainsi, la nouvelle Lune et le Soleil natal sont dans le même signe, et vraisemblablement la même (cinquième) maison.


Un cas extrême est fourni par les personnes nées presque exactement à la nouvelle Lune. Ou comme Karl Marx pendant une éclipse solaire (la concentration la plus intense possible des forces vitales). Une naissance en nouvelle Lune, cependant, conduit souvent à un état de confusion émotionnelle. Et parfois à une croyance plutôt fanatique en un destin spécial. Ou en la personne comme canal nécessaire pour des « forces supérieures ». La reine Victoria est l’exemple même d’une naissance de type nouvelle Lune.
Destin et libre arbitre
On peut dire que le thème de la nouvelle Lune avant la naissance et le thème natal représentent deux choses. D’une part ce qui, dans la vie d’une personne, est compulsif, enraciné dans le passé – donc « fatal ». D’autre part ce qui constitue le nouveau potentiel de vie, la créativité inhérente (mais d’abord latente) à l’individu. En effet, tous les facteurs astrologiques qui précèdent la naissance doivent se référer essentiellement au passé. Y compris le « thème prénatal » établi pour le moment présumé de la « conception ».
La naissance – ou plutôt le premier souffle – est le début de l’existence indépendante (du moins relativement). Rien d' »individuel » ne peut être rélié au processus de gestation et à l’état embryonnaire. L’individualité exige un rythme d’existence indépendant. Et un tel rythme, du moins symboliquement, commence à fonctionner avec le « premier cri » ou la première expiration. C’est-à-dire avec la première réponse de l’organisme dans son ensemble à l’univers dans lequel le nouveau-né est censé fonctionner à sa manière, individualisée et unique.
Liberté
La liberté de l’individu ne peut faire référence qu’à sa capacité de répondre de manière autonome et indéterminée aux pressions, défis et opportunités de la vie. Ces pressions et défis de la vie constituent la condition particulière que lui imposent, à la naissance, l’hérédité et l’environnement. Le nouveau-né ne peut pas changer ce conditionnement. Il en est le produit. Il naît avec un ensemble de gènes et dans une race, une famille, une culture et une classe déterminées. Tous ces facteurs conditionnent inévitablement sa personnalité. Ils constituent sa « nature ».
Facteur d’indétermination
Mais ils ne déterminent pas les réponses qu’il y apporte. Car, je crois qu’il existe au sein et au-delà de son organisme un « facteur d’indétermination » – une étincelle de divinité. Ce facteur, cette étincelle divine, est sa liberté potentielle. Elle n’est que « potentielle ». Car elle peut rester latente et inopérante. Et c’est généralement le cas, sauf à des moments cruciaux de la vie de la personne. Ces moments cruciaux, ou « crises », sont des moments de décision.
La décision peut être prise par la volonté libre, non déterminée. La volonté de ne pas se conformer au passé (c’est-à-dire à nos influences héritées et environnementales). De transformer ce passé, notre « nature », en introduisant une nouvelle vision, un nouvel objectif ou une nouvelle réalisation.
Conditionnement
Mais dans de nombreux cas, lorsque l’occasion d’une telle décision se présente, l’ancienne puissance profondément enracinée de notre « nature » (de tout ce qui est, en nous, le passé de la race humaine … et le « karma » de l’âme individuelle) rend la décision de transformation impossible, ou tiède et confuse.
Alors, ce passé nous « détermine ». Nous perdons alors le pouvoir de liberté individuelle que “Dieu” nous a donné. Nous sommes une fois de plus ramenés à l’état prénatal de dépendance à l’égard de la Mère – et par « Mère », j’entends ici tout ce qui nous englobe et nous lie : famille, religion, tradition, normes de classe, moralité conventionnelle, etc. Tous ces éléments conditionnent inévitablement notre personnalité, mais ils ne déterminent pas nécessairement nos réponses aux défis et aux opportunités de la vie.
Conditionnement ou détermination
La distinction entre les deux mots, conditionner et déterminer, est capitale. Lorsqu’on en comprend vraiment le sens, le conflit acharné entre les deux écoles de pensée qui enseignent respectivement que l’être humain a le libre arbitre et que le déterminisme (ou le destin) règne sur tout devient plutôt insensé. Aucun être humain n’est absolument libre. Car le concept même d’une telle « liberté » absolue n’a absolument aucun sens. Mais tout être humain peut, aux moments cruciaux de la décision, transformer dans une certaine mesure ses conditions actuelles. Par une réponse créative qui était non déterminée et essentiellement imprévisible jusqu’à ce qu’elle soit faite.
Le thème de la nouvelle Lune avant la naissance – et toutes les « progressions inverses » et les thèmes prénataux – se réfèrent au conditionnement de notre nature. C’est-à-dire au domaine de notre personnalité où le passé nous pousse, et souvent nous contraint, à agir selon d’anciens modèles ou traditions. Mais le thème de naissance, calculé au moment exact de la première expiration, symbolise la possibilité de prendre des décisions libres, transformatrices et créatives.

Le cycle lunaire dans les limites duquel nous naissons constitue la « vague de vie » qui nous pousse à l’existence. Mais l’être humain qui parvient à être véritablement un « individu » dans la conscience et la transformation de soi doit émerger de cette vague, même s’il est en train de se transformer. Il chevauche cette vague vers une destination qu’il s’est lui-même fixée. Ce voyage est sa véritable destinée. La vague doit finalement retourner au fond de la mer. Mais l’être humain peut alors marcher sur le rivage, dans la liberté de la terre.