Chiron

Chiron, ou comment vivre malgré sa blessure

Temps de lecture : 4 minutes

Chiron est un centaure, mi-homme mi-cheval. Comme tout centaure, on le représente en train de se préparer à tirer une flèche. Et le symbole du Sagittaire est une flèche. Quant à la constellation du Sagittaire, on la représente sous la figure d’un centaure tendant un arc. Car le sagittaire, c’est étymologiquement l’archer. Il y a donc visiblement un rapport entre le signe du Sagittaire et Chiron. 

La conception assez répandue de Chiron aujourd’hui, c’est celle du guérisseur blessé. Pour beaucoup, cette formule signifie que Chiron – à qui Apollon et Artémis ont transmis tout leur savoir « médical » – est le guérisseur de sa propre blessure. C’est, je pense, une erreur. Je vais essayer de vous expliquer pourquoi.

Le mythe de Chiron

Si vous connaissez un peu le mythe de Chiron, vous savez que sa blessure est physique. Hercule, un des héros qu’il a formés, tire une flèche qui atteint malencontreusement Chiron à la jambe. Or cette flèche est empoisonnée. Car Hercule l’a trempée dans le sang de l’Hydre de Lerne après l’avoir tuée. Malgré tout son savoir, Chiron est incapable de guérir cette blessure qui le fait souffrir,. Et qui va le faire souffrir éternellement puisqu’il est immortel. 

Finalement, la seule solution consiste à demander aux dieux de le « libérer » de son immortalité, pour la donner à Prométhée. Ce faisant, Chiron choisit de s’offrir, de se sacrifier dans un élan altruiste. C’est le Chiron guérisseur qui, dans le mythe, fait preuve de beaucoup de compassion et de diligence pour guérir autrui.

Le guérisseur blessé

Vous le voyez, la blessure incurable de Chiron a quelque chose d’injuste. Car la flèche tirée par son ami Hercule ne lui était pas destinée. Alors pourquoi ? Serait-ce que la blessure est nécessaire, voire utile ?

Oui, il me semble que le mythe de Chiron invite à revisiter – à partir de sa position dans votre thème – la question de la souffrance humaine en général, et de votre propre souffrance en particulier. Et d’abord cette idée que Chiron ne peut comprendre ce qu’est la souffrance que parce qu’il souffre lui-même.

Remarquez que la blessure de Chiron est à sa jambe, donc dans sa partie animale, non dans sa partie humaine. Comme si ce qui le fait souffrir, c’est ce qui le relie à la vie terrestre, voire à ses instincts. Chiron l’archer, le « sagittaire » au sens propre, est blessé dans sa partie mortelle, animale, naturelle. 

Mais sa partie spirituelle, humaine, est intacte. Sa vision de lui-même et du monde n’a pas été atteinte par la blessure physique. On pourrait dire que sa vision est immaculée, non déformée. Elle a conservé sa lucidité, sa capacité de comprendre sa souffrance et, surtout, de la sublimer pour grandir spirituellement. Et cela permet à Chiron de comprendre qu’il doit rompre avec sa partie charnelle et mourir, pour atteindre la plénitude des mondes inconnus, ceux que lui ouvre Uranus. « Selon certains, dit Robert Graves (Les Mythes grecs, La Pochothèque), Chiron préféra mourir, non pas tant à cause de la douleur que lui causait sa blessure, que parce qu’il était las de sa longue vie. » 

Le signe du Sagittaire

Revenons maintenant au signe du Sagittaire. C’est un signe de feu, mais c’est aussi un signe mental. Il prépare intellectuellement l’apothéose de la nuit du solstice d’hiver. Le cycle va se terminer, et le Sagittaire organise déjà le terrain du cycle suivant qui va commencer avec le Capricorne. Il fait des choix, avec discernement. Il décide de ce qu’il faut abandonner, de ce qu’il faut conserver, dépasser, sublimer. Dane Rudhyar dit, dans Le Rythme du Zodiaque :

… c’est l’époque où les hommes perdent le sens de la terre, les sentiments étroits de conservation et de sécurité, la volonté de bonheur personnel et prennent leur essor sur les ailes du désintéressement vers des idéaux sociaux ou mystiques lointains pour lesquels ils sont heureux de mourir. 

Il y a certes beaucoup d’ardeur chez le Sagittaire, mais au fond de lui, il y a aussi une grande douleur. Celle qui vient de son incarnation, de son « enfermement dans la vie ». Dans ses voyages lointains grâce auxquels il tente de comprendre le sens du monde, le Sagittaire cherche aussi à comprendre le sens de sa souffrance, autrement dit le sens de sa vie. Pourquoi suis-je incarné dans la matière ? Comme le centaure qui représente sa constellation, le Sagittaire a les quatre pieds bien ancrés dans la terre. Pourquoi cet attachement au monde matériel, qui est une entrave à ses envolées intellectuelles ? C’est là qu’est la blessure du Sagittaire, et sa souffrance. 

Conclusion : Chiron et le Sagittaire

L’animal qui est en nous est incapable de répondre à ces questions, de comprendre le sens de notre blessure. Notre part humaine le peut, et c’est ce que fait Chiron. Il comprend ce que la Sagittaire sait aussi : la seule et vraie blessure, c’est la vie terrestre et la mort par laquelle elle se termine. Mais le Sagittaire sait aussi que cette blessure ne guérit jamais. Et que le fait de vieillir dans son corps fait partie de la blessure, même si le feu et l’énergie du mental restent jeunes et ardents.

C’est donc de sa blessure que Chiron tire sa sagesse, et le Sagittaire fait de même. Votre thème vous guide pour comprendre la source de votre blessure, et vous donne des pistes pour recevoir l’enseignement que vous offre votre blessure. Mais cela est une autre histoire …

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5 réflexions sur « Chiron, ou comment vivre malgré sa blessure »

  1. Bonjour Jean-Louis,

    Voilà un article très intéressant dans son interprétation sur le Chiron mythologique.
    J’en suis très enthousiaste !

  2. Très belle analyse qui donne du sens à cette souffrance inguérissable.J’ai hâte d’une analyse dans les autres signes!

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